
La Paryse
Au cœur du Quartier Latin de Montréal, le snack-bar La Paryse a offert des plats inoubliables et un sentiment d’appartenance à sa communauté pendant plus de trois décennies. L’espace confortable et rétro accueillait chaleureusement les locaux et les touristes, avec un engagement particulier à faire en sorte que la communauté LGBTQ se sente valorisée et acceptée. De décembre 1980 à sa fermeture à l’automne 2012, l’établissement de Paryse Taillefer avait une réputation pour le meilleur hamburger à Montréal. Avec sa garniture inhabituelle de champignons de Paris tranchés sur un pain Kaiser, il était considéré comme un repas emblématique au même titre que le sandwich à la viande fumée de Schwartz ou le spécial au fromage de Wilensky – un incontournable pour tous les touristes visitant Montréal. Le légendaire hamburger de La Paryse figurait régulièrement dans les guides de voyage, tant pour les gourmands que pour les personnes appartenant à la communauté LGBTQ.
Paryse Taillefer se souvient des débuts spontanés de La Paryse lorsqu’un ami lui a demandé si elle voulait ouvrir un restaurant dans un immeuble qu’il venait d’acheter. Son père étant restaurateur, elle a tiré avantage de ce qu’il lui avait appris et a décidé de se lancer en affaires avec son amie Sylvie. Le local était déjà équipé d’une friteuse, alors les deux femmes ont décidé que les frites étaient indispensables. Ensuite, Sylvie a réussi à convaincre Paryse, alors végétarienne, qu’il fallait bien sûr servir des hamburgers en complément. Bien que Paryse préparait également des tables d’hôtes et des plats végétariens, les fameux hamburgers sont rapidement devenus leur priorité. Éventuellement, La Paryse a commencé à servir des hamburgers végétariens aussi – « en véritable mode d’inclusion lesbienne », selon un guide de voyage gai à Montréal !
La Paryse, ce n’était pas seulement des hamburgers légendaires : son personnel était encore plus remarquable. Paryse s’engageait à créer une atmosphère accueillante, en veillant à ce que tous ses clients se sentent comme chez eux dans son restaurant. Le lieu est devenu un repaire pour les Montréalais LGBTQ, un espace de connexion queer à l’extérieur du Village de Montréal. En particulier, Paryse employait des lesbiennes nouvellement arrivées en ville et leur offrait un lieu de rencontre, se sentant responsable de « tous les jeunes qui sont passés dans son établissement ». « Un restaurant, c’est comme inviter des gens chez soi », explique Paryse, qui a décoré le restaurant avec ses objets personnels, y compris les œuvres d’art accrochées aux murs. « C’était aussi chez eux », se souvient-elle. En tant qu’ancienne travailleuse de rue, elle considérait son restaurant comme inextricablement lié à la communauté et était fière de son engagement social. La Paryse a fermé ses portes le 27 octobre 2012 après 32 ans en affaires, mais les gourmets montréalais se souviennent encore de l’incomparable hamburger de la Paryse (oui, même la version végétarienne à base de haricots).
L’enseigne néon verte de La Paryse et l’institution qu’elle représente constituent un symbole vibrant de l’identité culturelle et sexuelle à Montréal. Cet héritage durable témoigne du rôle de pionnière de la Paryse en tant que femme d’affaires lesbienne déclarée et fière de l’être. Les visiteurs peuvent maintenant voir l’enseigne lumineuse installée dans le café et la boutique de souvenirs du MEM – Centre des mémoires montréalaises.